* Jean Tulasne est né à Nancy en 1912. Fils d'un commandant d'aviation et neveu d'un général de l'armée de l'air, il était comme le décrivit Pierre Pouyade, un "enfant de la balle". Son père disparut accidentellement en 1930 et lui laissa en effet une solide passion pour l'aéronautique.C'est d'ailleurs avec Pouyade qu'il intégrera Saint Cyr puis l'école de l'air de Versailles.
En 1933, il choisit donc l'aviation. Après un passage sur bombardier à Avord, il rejoint tout naturellement la chasse à sa demande en avril 1937.
En 1938 il est instructeur à l'Ecole de l'Air de Salon de Provence.
En 1939, il est en poste Tunisie, puis à Oran avec le grade de capitaine au sein du GC II/9 dont il commande la 4e escadrille.
Il est ensuite nommé au commandement de la deuxième escadrille du GC 1/7 "Provence".
Il est au Moyen-Orient (plaine de la Beeka) lorsque survient l'armistice.
Tranféré en métropole, il est alors rendu responsable de la "désertion" de trois de ses camarades partis rejoindre les FFL.
Il sera tout d'abord interdit de vol puis autorisé à voler sous surveillance.
Le 5 décembre 1940 il simule une panne de moteur au large de Beyrouth et met le cap sur la Palestine après avoir effectué un piqué.Il parvient à se poser seul à Lydda non loin de Haiffa et retrouve d'anciens camarades alors incorporés au Free French Flight N°2.
Pour Vichy, Jean Tulasne est alors officiellement porté disparu en mer.
Il s'engage dans la RAF avec le grade de Flight Lieutenant et ne tarde pas à se faire remarquer comme pilote hors paire.Il rejoindra le 274e squadron pour se battre contre les Italiens à Tobrouk.
Il quitte le front malgré lui pour Le Caire suite à sa nomination par le général de Gaulle au poste de chef d'état major des FAFL au Moyen -Orient.
Il retournera au service actif comme commandant du groupe de chasse "Alsace" le 15 septembre 1941, et participera à la bataille de Gazala au coté des Britanniques avant de se replier devant l'avancée des troupes de Rommel puis de rejoindre Alexandrie.
C'est alors que lui est confié le commandement du tout nouveau groupe de chasse "Normandie". Nous sommes le 2 février 1943 et Jean Tulasne est transféré en Angleterre pour y attendre le départ du groupe vers l'URSS.
Il y rejoint son camarade de promotion Pierre Pouyade qui le définira plus tard comme un virtuose de l'acrobatie et amoureux du risque, caractéristiques qui contribueront à installer la réputation du "Normandie" dans ses premiers mois d'éxistence.Jean Tulasne semble infatigable, déprimé par le manque d'action et heureux d'effectuer trois ou quatre missions dans la même journée.
Le 17 juillet 1943 il prend le commandement d'un groupe de neuf yaks (dont Albert,Preziosi,Léon,Bon, Béguin, Vermeil et Pierre Pouyade...)pour la quatrième et dernière mission de la journée, une escorte d'IL2 dans le secteur de Znamenskaia à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest d'Orel.
Albert,Preziosi et Léon abattent un FW190 alors que Bon en endommage un autre.
Béguin et Vermeil sont par contre coiffés par six autres allemands. Béguin, endommagé et blessé devra se poser sur le ventre du bon coté du front, Vermeil ne rentre pas.
Jean Tulasne, ayant signalé de nombreux FW au dessus du groupe, monte dans le soleil pour les engager. Masqué par un nuage aux yeux de ses compagnons d'escadrille, il disparaît pour toujours.
On a malheureusement peu d'informations sur la dynamique de la disparition du commandant Tuslane, ce qui n'a pas permis de retrouver son corps.
En 1963, une vieille femme de la région d'Orel indiquera dans une clairière non loin de Znamenskaia, la tombe d'un pilote français qu'elle aurait elle même enterré après avoir subtilisé le corps aux allemands.Ses camarades russes resteront persuadé qu'il s'agit bien de la dépouille de Jean Tulasne et la conserveront sur leur sol dans le cimetière de Vedenskoie avec la mention "Pilote français inconnu".
Jean Tulasne était officier de la Légion d'Honneur, Compagnon de la Libération, titulaire de 7 citations et de la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme.Il avait effectué 2000 heures de vol dont 132 de combat en 96 missions.
Il comptait trois victoires confirmées.




Le Yak1b du Commandant Jean Tulasne à Polotniani-Zavod en avril 1943.
Comme certains des yaks1b du Normandie, la casserole d'hélice n'est pas tricolore et l'avion n'a comme signe distinctif qu'une cocarde sur le flanc.