* Yves  Bizien est né le 30 novembre 1920 à Neuville les Dieppe (Seine-Maritime). Il possède un Certificat d’Étude Primaire, qui lui permet de devenir apprenti-électricien. Comme de nombreux passionnés d’aviation, il assouvit sa passion par le biais de l’Aviation Populaire. C’est ainsi qu’il s’inscrit, dès sa création, à la section de Dieppe de cette organisation. Il y travaille avec assiduité. Il doit préparer ses cours le matin, puis travailler le jour, pour reprendre ses études le soir, jusqu’au milieu de la nuit.
A la déclaration de guerre, il s’engage dans l’Armée de l’Air. N’ayant que 19 ans, il doit demander à son père de signer son engagement. Il rejoint, le 10 octobre 1939, l'École Élémentaire de Pilotage de Bernay. Il y est accueilli par le son chef pilote lorsqu’il était à Dieppe : l’adjudant-chef Bastie. Il est ensuite transféré à Vannes, où il arrive le 22 mai 1940.
Quand survient l’Armistice, sa formation est loin d’être terminée : il est soldat de deuxième classe, élève-pilote à l’École de Pilotage 23 de Morlaix, où il est depuis le 12 juin 1940. Le 19 juin 1940, sous la direction du directeur de l’école, le lieutenant Pinot, il quitte Morlaix en camion avec une vingtaine de camarades. Il s’embarque à Douarnenez à bord du langoustier « Le Trébouliste », d’une capacité de six à huit passagers. Ils rejoignent Falmouth, en Angleterre.
Il signe alors, le 21 juin 1940, son engagement dans les FAFL et entreprend son entraînement dans les écoles de la RAF. Il y utilise le pseudonyme de James Welker. On verra plus loin que c’était une sage précaution et qu’il aurait dû s’y tenir. Il passe notamment par la 6 Elementary Flying Training School de Sywell en mai 1941. Il devient alors instructeur en 1942. Mais il désire ardemment combattre...
Quand il apprend la constitution d’un groupe de chasse pour combattre sur le front russe, il se porte volontaire. C’est ainsi qu’il fait partie du premier contingent qui arrive en URSS le 28 novembre 1943. Comme ses camarades, il s’entraîne d’abord sur Yak7, à double-commande, puis passe sur Yak1b.
Le 13 avril 1943, un combat oppose 6 Yak1b du Normandie à 8 FW190, dans le ciel de Spass-Demiensk. Il y obtient une victoire, partagée avec Derville et Poznanski, sur l’un des Focke-Wulf. Mais, comme ses deux autres camarades, il est abattu par les chasseurs allemands. Son avion tombe dans les lignes allemandes. Il est le premier pilote du Normandie tué au combat.
On suppose que les allemands ont retrouvé ses papiers dans la carcasse de l’avion, car sa famille fut arrêtée en France fin septembre 1943. Son père, sa mère et ses deux frères furent déportés. Seul son frère André reviendra de cet enfer, après avoir connu les camps de Buchenwald et Dora.
Il avait 353h de vol et 25 missions de guerre. Il fut cité, à titre posthume, à l’ordre de l’Armée Aérienne.