* Marcel Albert est né à Paris le 25 novembre 1917. D’ailleurs son accent et sa gouaille trahissent son origine parigote ! Comme Marcel Lefèvre, il doit abandonner ses études secondaire pour subvenir aux besoins de sa famille. C’est ainsi qu’il entre aux usines Renault comme ouvrier métallurgiste. Parallèlement, il sollicite une bourse pour apprendre à voler. Il passe alors, grâce à une bourse d’état, son premier, puis son second degré de pilote.
Il est appelé sous les drapeaux le 24 mars 1938. Versé dans l’Armée de l’Air, il intègre l’école d’Istres. Il y passe son Brevet Militaire durant le mois de juillet 1938. Il est ensuite muté à la Première Escadre de Chasse. C’est là qu’il se trouve quand la guerre éclate, en septembre 1939. Il est alors envoyé au Centre de Formation des Pilotes de Chasse de Chartres. Comme beaucoup de pilotes qui se feront remarquer dans les rangs de la France Libre, il y est instructeur.
Néanmoins, contrairement à René Mouchotte, il est versé dans une escadrille d’active : le GC I/3. Cette unité est l’une des premières équipée du tout nouveau Dewoitine D520. Il est versé à la deuxième escadrille de ce Groupe de Chasse : la SPA69 « Au Chat ». Il est alors engagé dans la Campagne de France de 1940. Lors de sa première mission, le 14 mai 1940, Marcel Albert frôle la mort quand il est attaqué par un Bf109 qu’il n’avait pas vu. Heureusement son adversaire le rate. Dans le combat qui suit, il parvient à toucher un Bf109, dont le pilote largue la verrière. Bien que confirmé par l’un de ses camarades, ce succès n’est pas homologué par l’Armée de l’Air. Il abat un He111 le 21 mai 1940, qui lui est homologué. Il effectue une trentaine de missions lors de cette campagne.
Devant l’avance fulgurante des troupes Allemandes, le groupe se replie. Grâce à l’allonge du chasseur Dewoitine, le groupe de Marcel Albert parvient à traverser la Méditerranée pour rallier l’Afrique du Nord.
N’acceptant pas la défaite, Marcel Albert profite d’un exercice pour rejoindre Gibraltar, le 14 octobre 1941. La formation de trois D520 du GC I/3 qui l’accompagne est formée de pilotes qui s’illustreront plus tard dans les rangs de la France Libre, et plus particulièrement au GC3 Normandie : Marcel Lefèvre et Albert Durand. Marcel Albert sera le seul à survivre à ce conflit.
Par un curieux coup du destin, il quitte l’Algérie, le jour même où il reçoit ses galons de Sergent-Chef.
Sitôt posé à Gibraltar, il signe son engagement dans les Force Française Libres (matricule 30109).
 
* Par un curieux coup du destin, il quitte l’Algérie, le jour même où il reçoit ses galons de Sergent-Chef.
Sitôt posé à Gibraltar, il signe son engagement dans les Force Française Libres (matricule 30109).
Il est transféré en Angleterre. Il y arrive en décembre 1941. La Royal Air Force recommence complètement son entraînement, puis le place en Operational Training Unit, afin de lui apprendre les méthodes de combat de la RAF. Il est ensuite, avec Marcel Durand, transféré au 340 Free French Squadron. Cette unité de chasse est la première unité de chasse de la France Libre créée au sein de la RAF en Grande Bretagne. Elle porte, au sein des FAFL, le nom de Groupe de Chasse 2 « Ile de France ». Cette unité combat sur le meilleur chasseur dont la chasse Britannique dispose à cette époque : le Spitfire Vb. C’est l’époque où la RAF cherche à mettre la pression sur la Luftwaffe par une offensive aérienne à base d’attaque de toutes natures. C’est ainsi que Marcel Albert effectue 47 missions de « sweep » au-dessus de Boulogne, du Havre ou d’Abbeville.
Quand il apprend la formation d’une unité de chasse destinée à combattre sur le front soviétique, Marcel Albert se porte volontaire, tout comme ses deux compagnons d’évasion : Marcel Lefèvre (qui servait alors dans une escadrille Britannique) et Albert Durand.
 

Le yak 9 de M.Albert à Toula hiver 43/44
* Il est promu Aspirant et effectue un long périple pour rejoindre sa nouvelle unité en gestation au Liban : à Rayak. Il y arrive le 7 octobre 1942. Cette unité a pris le nom de GC3 Normandie. Elle est commandée par le commandant Joseph Pouliquen, au niveau administratif, et le commandant Jean Tulasne au niveau opérationnel. L’unité manque de tout et surtout de cohésion à ce moment. Les pilotes qui la compose viennent d’horizons très divers et, par exemple, Marcel Albert ne sait rien de son nouveau commandant : Jean Tulasne. L’inaction du mois d’octobre ne fait rien pour le moral. Il faut en effet attendre assez longtemps que les autorisations diverses viennent pour que les pilotes partent finalement pour l’Union Soviétique le 12 novembre 1942.
Quand les pilotes arrivent en Russie, ils découvrent un monde complètement nouveau. Ce n’est ni l’Armée de l’Air, ni la Royal Air Force. Par exemple, la transition ne se fait pas par un long entraînement au sein d’une OTU, mais par de simples prises en main à bord de Yak7 à double-commandes. L’entraînement dure entre décembre 1942 et janvier 1943.
Le 12 décembre 1943, Marcel Albert est promu sous-lieutenant.

Yak3 de M.Albert, Gross-kalweitchen, fin 44

Yak3 de M.Albert,Le Bourget 1945
* Marcel Albert est l’un des pilotes qui s’adapte le mieux à ce nouvel environnement. Il est très satisfait de leur nouvelle monture : le Yak1b, dont le premier exemplaire arrive le 19 janvier 1943 sur la base d’Ivanovo. Il le compare favorablement au Spitfire qui fut sa monture en Grande-Bretagne. Il est aussi très satisfait des mécaniciens soviétiques.
Il faut attendre mars 1943 pour que le GC3 parte pour le front avec ses Yak1b. Le 22 mars, les chasseurs Yak1b du Normandie se posent sur le terrain de Polotniani-Zavod. Durant ce vol de transfert, Marcel Albert se perd et il faut le récupérer en biplan U2. Cet avion est piloté par l’ancien observateur Jean de Pange. C’est à cette occasion que Marcel Albert fait montre de son tempérament facétieux : il affole de Pange en coupant l’arrivée d’essence du biplan...
Marcel Albert remporte son premier succès sur ce front le 16 juin 1943. Il abat un avion de reconnaissance bipoutre FW189. Il indique tirer de si près qu’il sentait le vernis brûlé de l’avion allemand ! Il va ensuite allonger la liste de ses succès. Ils vont lui permettre d’être l’un des pilotes français les plus titré de le Seconde Guerre Mondiale. Il est titulaire de 25 victoires aériennes, dont 23 homologuées.
Mais Marcel Albert va rester dans les mémoires de ses compagnons de combat pour d’autres raisons. C’est un commandant de dispositif prudent, qui sait juger une situation. Qui ne s’engage que si la situation tactique est favorable. Il s’engage alors à fond. C’est aussi un pilote qu’il est pratiquement impossible de surprendre. Il reste dans les mémoires de nombreux pilotes du Normandie, comme celui dont la tête est littéralement montée sur roulement à bille. Il voit le premier et son mécanicien soviétique indique qu’il n’a jamais relevé un impact sur l’avion se « son » pilote.
C’est aussi un joyeux compagnon qui saura toujours faire montre d’un esprit gouailleur et dont les messages peu orthodoxes marqueront ses compagnons de combat.
Il est l’un des rares survivants du contingent initial du Normandie. Ses qualités de pilotes et surtout son sens de la tactique lui ont permis de durer et de vaincre, sans risques inutiles. C’est aussi l’un des rares pilotes Français à avoir fait la Campagne de France, servit au sein de la Royal Air Force et des VVS. Le fait qu’il se soit adapté à ces trois environnements avec un succès égal montre des qualités exceptionnelles.
Il finit la guerre avec le grade de Capitaine, et la plupart des décorations Françaises et Soviétiques. Il est notamment Compagnon de la Libération et Héros de l’Union Soviétique.
Texte par NN Tym
Profils Par NN Avirex

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