* Philippe Vaillant nous a quitté le 27 décembre 2001. Cette page est un bien petit hommage à celui qui est l'un des fondateurs de notre unité virtuelle.
* Bien entendu, ceux qui l'ont connu se rendront rapidement compte que notre hommage n'est pas à la hauteur de ce que fut Philippe, le "Zoizeau" selon le surnom qu'il s'était donné par modestie et un humour qu'il n'hésitait pas à s'appliquer à lui-même

 

* J'ai rencontré Philippe sur l'Internet en fin 1999. Comme tous ceux qui l'ont croisé, j'ai tout de suite été frappé par sa gentillesse, son humour et sa modestie. Il a rejoint rapidement notre groupe virtuel, le 341 Free French Squadron "Alsace". En quelques semaines, il en devint l'un des piliers.
Si vous vous demandez si Philippe était un bon pilote virtuel, je vous conseille simplement d'aller consulter sa page de pilote du 341 Squadron.Il faut bien comprendre que Faucon jouait à fond le jeu. Il envoyait ses rapports avec régularité.
  Jamais on ne l'a vu ne pas envoyer un rapport d'un combat défavorable. C'était un parfait gentleman. Si on le descendait, on avait droit à une félicitation. S'il vous descendait, il ne se moquait pas de vous, mais vous expliquait votre erreur.


* N
otre dernière rencontre virtuelle sur le net m'opposa à lui. Je pilotais un agile Bf109G et lui un lourd Il-2, alourdi par ses charges externes. Il n'a tiré qu'une rafale... Je suis allé directement au tapis. Bien entendu, il n'y était pour rien : c'est moi qui avait, selon lui, commis la bêtise de me mettre tout seul devant ses canons. Je suis resté interdit pendant de longues minutes. Comment avait-il fait ?
Par un effet du hasard, je lui avais attribué le portrait de Pierre Clostermann, au sein de notre escadrille. En effet, j'avais voulu que chacun des pilotes virtuels du 341 Squadron soit identifié à un pilote réel, afin de rendre hommage à l'engagement de ces derniers en tant que Français Libres. Quand, je l'ai fait, ne connaissant pas Philippe, je me suis dit : "Il faudra sans doute trouver un autre portrait... Mais bon ! Pour le moment, ça ira..." Je n'ai jamais regretté mon choix, le hasard avait bien fait les choses. Très vite, je ne cherchai plus de nouvelle photographie pour personnaliser la page de Faucon...


* J
e voudrais, pour que vous compreniez qui il était, vous raconter une petite histoire...
Gilles Almeida, qui commandait cette unité virtuelle (avec Thomas Peel) avait un contact au sein de l'Armée de l'Air, le Capitaine de Bussy, officier de tradition du Lorraine. Notre travail sur le site de l'Alsace attira l'attention d'anciens des FAFL. Si bien que nous reçûmes quelques invitations pour assister à une cérémonie d'hommage aux pilotes de la France Libre. Se posa alors la question des personnes que nous emmènerions. Philippe ne fut pas volontaire.Bien au contraire, il fallut le forcer à nous rejoindre.
  Sa modestie lui interdisait de vouloir venir avec nous, mais le formidable travail accompli au sein de notre groupe le désignait de façon évidente. Voilà tout Philippe : le meilleur des hommes et le plus modeste. Et pourtant, ses qualités le faisait sortir du lot.

 

* C'est à l'occasion de cette cérémonie que je le rencontrai pour la première fois. On voyait bien qu'il avait été marqué par une longue maladie, qu'il semblait néanmoins avoir surmontée et qui n'amoindrissait en rien ses facultés intellectuelles.
Mais quel homme ! Quelle gentillesse ! Il était dans la vie comme sur le net : toujours prêt à aider, mais toujours prompt à se mettre dans l'ombre par modestie. Il était là près de ses héros : Pierre Clostermann, Henry Lafont... Et il voulait s'effacer devant eux.
Lui qui collectionnait les exemplaires du Grand Cirque, il pouvait voir son héros en chair et en os. Il ne chercha pas, comme certains, à se faire remarquer par Pierre Clostermann. Il restait à part, sur la réserve. Toujours modeste...Néanmoins, nous le vîmes s'animer quand un Spitfire (une reproduction partiellement en bois) apparut.
D'un seul coup, il ne voyait plus personne.
Il détailla la bête sous toutes les coutures. Il demanda même un service (c'était bien la première fois !) : qu'on le photographie près du Spitfire.

 

* Nombreux sont ceux qui ont dû leur passion pour les simulateurs, notamment via l'Internet, à sa patience, sa gentillesse. Souvent, quand un problème vous assaillait on recevait un simple message avec la solution. Il est clair que souvent, il lui avait fallu chercher de longues heures pour vous. Jamais il ne demandait un merci. Il avait aidé et ça lui suffisait. Combien de fois n'ai-je pas lu sur GOA : "J'attends Faucon...". Avec Tango (Jacques Nectoux), ils avaient fait du Clan FFL341, le plus attractif des clans de GOA. Tous les nouveaux voulaient en être ! Ils ont même été remarqué par l'équipe de GOA à l'époque et leur clan cité en exemple !
Une autre histoire, pour le mieux cerner. Philippe avait de grosses difficultés à parler. Pourtant, il nous poussait tous à utiliser la radio sur le net, tout en s'excluant lui-même de cette utilisation, allégant de problèmes techniques. Il ne voulait pas qu'on s'apitoie sur son sort. Une élégance rare... Dans un monde où les pleurnichards sont légion. Il savait que la radio était fondamentale et qu'il ne pourrait pas l'utiliser à plein.

 

* De la même façon, pour tout le monde, il était le chef idéal pour l'escadrille 1 de notre Normandie-Niemen virtuel. Une fois de plus, il fallut batailler ferme pour qu'il accepte cette position que son talent, ses qualités humaines et son implication sans faille, lui valaient de manière évidente pour tous. D'ailleurs, il restera toujours le chef de cette escadrille. Nous désignerons simplement un commandant-adjoint, ce dernier aura la chance d'avoir un vrai "Faucon" juste derrière lui, en soutien, comme Philippe savait si bien le faire quand nous jouions ensemble. Vous pouvez consulter le fil de discussion qui nous permit, finalement, de le convaincre d'accepter le poste.

Car Philippe, malgré ses qualités, tenait à effectuer les tâches les moins gratifiantes. Fallait-il un ailier pour protéger un leader avide de victoires ? Faucon répondait présent. S'il fallait un volontaire pour piloter un avion lourdaud et se lancer dans une mission difficile et peu glorieuse, il y allait. Jamais je ne l'ai vu tiré la couverture à lui. La couverture, il vous la fournissait gratis, et se montrait gêné de vos remerciements.
On a souvent parlé de l'humour ravageur de Faucon... Nous en fîmes souvent les frais, avec délice. De plus, c'était un humour de bon aloi, qui ne cherchait ni la provocation, ni à faire du mal. Chacun de nous se souvient de sa galerie de portraits. Mais il ne s'en excluait pas et il figurait lui-même dans ses caricatures. Il se caricaturait sous le vocable de râleur, mais ce n'était qu'un râleur de surface... Il était volontaire pour tout, si c'était difficile, mais pour rien si sa modestie devait en souffrir... Le fil de discussion de sa prise de fonction en tant que chef d'escadrille de la 1 est assez symptomatique du personnage.

 

* Il s'impliquait à fond dans le travail de l'unité et souvent de manière inattendue. Il se trouve que nous avons des gens qui ont un talent particulier, au sein du groupe, pour texturer les avions de façon à leur donner l'allure de véritables avions, et non d'images informatiques froides. Un jour Faucon, mit un message sur le forume de l'unité.

Le ton était donné et l'idée plut instantanément...
Mieux encore, cette marque d'amitié et cette pointe d'humour ont déclenché une réaction. Le site de notre ami Avirex prit ce nom et lui donna l'idée de l'ouvrir à d'autres artistes. Il accueille à présent les textures de Pierre Alfaro.

Les chevalets du ciel
préparez vos textures
et avec vos modèles
décorez nos montures
[refrain]
moitié Ange et moitié Vinci
chipoteurs mais toujours précis
rendons leurs cet honneur
ce sont nos designers
( air bien connu )


houla lalalala il est tard, il vaut mieux que j'aille faire dodo moi
NN FAUC78
indicatif radio zoizeau
 
 

* Voilà ce que savait réaliser Faucon. Il était le catalyseur de nombreuses choses. Il faisait ressortir le talent des autres, pour mieux cacher le sien. Il donnait, donnait encore et n'attendait rien en retour. Et si l'on faisait mine de vouloir le remercier, on avait droit à une remarque pas toujours courtoise... Avirex l'a tout de même remercié par cette page.
Une autre anecdote, pour montrer le personnage. Quand la démo de Il-2 est sortie, je suis allé le voir. On discutait du fait que le force-feedback ne fonctionnait pas terriblement. Je lui dis que moi, de toute façon, je préfèrais les manettes avec palonnier et qu'il n'y en a pas avec retour de force. Je lui demande alors pourquoi un passionné comme lui n'a pas un palonnier. Il me répond en me disant, je n'en veux pas... Et il me montre pourquoi. Faucon pilotait dans la position du siroteur de café : les jambes croisées et maniant le joystick négligemment, comme d'autres auraient tourné leur café... Donc, le Faucon qui vous descendait, au pilotage si précis et si coulé, était là relax, détendu.
Il était toujours volontaire pour toute rencontres, les visites de musée, les meetings. Je me souviens du meeting de Duxford, du Musée Normandie-Niemen des Andelys, du Musée de l'Air du Bourget. Jamais, comme je me laisse trop souvent à le faire, il n'étalait ses connaissances. Tout juste rectifiait-il une erreur quand j'en faisais une (ce qui n'est pas rare).
Mais il s'éclipsait toujours (avec sa discrétion coutumière) quand venait l'heure du repas. Là il s'isolait pour ne pas montrer le spectacle de ce qu'il considérait comme une déchéance. On avait beau l'entourer de toute la chaleur possible, il n'en démordait pas. Suprème élégance là encore... C'est ainsi qu'il déclina l'invitation à la table des anciens des FAFL.

 
 

* Sur les photos, il était presque impossible de le prendre. Ou alors, il se mettait un peu en retrait. La seule fois où je l'ai vu vraiment se mettre en valeur ce fut pour poser appuyé contre un Spitfire. Je le soupçonne d'avoir simplement voulu rendre hommage à cette superbe machine !
Nous avons décidé de voler pour Faucon, en formant, pour lui, une croix de Lorraine. Pour le moment, nous nous entraînons... On a déjà réussi de jolis "chevaux de bois", des collisions au roulage et en vol. Tu n'as pas fini de rigoler ! Mais on va y arriver, je te le promets Faucon. Pour le premier rendez-vous, nous étions 17 de notre groupe et ton ami Thierry "Coyote" Pesenti est même venu.